Ce livre de portraits a été publié en 2006, aux éditions autrement, avec une préface de Gérard Noiriel. Il retrace le parcours de huit Algériens, trois femmes et cinq hommes, de l’Algérie coloniale à la France actuelle. Les chibanis, les « cheveux blancs » en arabe dialectal, sont souvent perçus comme des victimes ou des revanchards. Ils sont surtout des invisibles dont la parole a été étouffée. C’est pour ouvrir l’horizon de nos représentations et redonner un sens à la présence algérienne en France que je suis allée à la rencontre de ceux et celles qui se sont engagés pour une société plus juste et plus fraternelle.
Propos introductif :
Voici l’aventure de ceux qui ont traversé la Méditerranée pendant les Trente glorieuses pour venir s’installer dans l’ancienne métropole coloniale. L’épopée des Algériens de France racontée à travers l’histoire de personnalités fortes. D’hommes et de femmes engagés par leurs actions et leurs prises de paroles. Je sais, c’est étonnant ! Les Algériens de cette génération sont généralement perçus comme de pauvres immigrés, des « petits arabes », comme on dit quand on veut être sympa.
Mon intention est tout autre. Je ne veux pas être sympa, ni être désagréable d’ailleurs. Je souhaite juste partager une façon de voir. Vous montrer des Algériens une fois mis de côté le sentiment d’être face à des gens viscéralement différent de soi.
En tant que Française d’origine algérienne, avoir ce regard et le soutenir est à la fois évident et compliqué. Car les mots n’ont pas le même sens pour tous. Et le poids des clichés dévalorisants est encore très lourd aujourd’hui. Dans ce travail, j’ai parfois eu l’impression de ramer à contre courant. Et de m’aventurer dans des domaines interdits… Suite du Propos introductif
A lire aussi :
A voir :
Photos de Zabou Carrière
- Kheira Deffane, gardienne d’immeubles dans le Xe arrondissement de Paris. Elle agit au quotidien pour une « intégration mutuelle. Mai 2005, Paris.
- Ce dimanche, Kheira prépare le couscous pour la journée porte ouvertes de Belleville. Mai 2005, Paris.
- Aïssa Zemouri, ancien ouvrier de la sidérurgie. Il dirige aujourd’hui l’association socioculturelle Graines de culture. Février 2005, Grande-Synthe.
- C’est dans ces usines qu’Aïssa a passé vingt ans de sa vie. Février 2005, Dunkerque.
- Saad Abssi, ex-militant du FLN, opposant au régime algérien depuis le coup d’Etat militaire de 1965. Il milite aujourd’hui dans plusieurs associations d’entraide sociale. Mai 2005, Gennevilliers.
- Très croyant, Saad se rend régulièrement à la mosquée pour prier. Avril 2005, Asnières.
- Bétoule Fekkar-Lambiotte, ex-militant du FLN. Elle a participé à la consultation pour le Conseil Français du Culte Musulman, avant de démissionner. Juillet 2005, Paris
- Bétoule a soutenu dès ses débuts le magazine Respect dont l’objectif était de « décoloniser les imaginaires et apprendre à vivre ensemble ». Décembre 2005, Paris.
- Ali Tebib, ancien harki. Il préside une association d’aide aux démunis et se bat pour revoir la terre où il est né. Septembre 2005, Gaillac.
- Ali revient régulièrement à Puycelsi, le camp de harkis où il a vécu deux ans avec sa famille. Septembre 2005, Puycelsi.
- Arezki Amazouz, syndicaliste à Renault-Billancourt. Il milite pour faire connaître la mémoire ouvrière de Renault. Mai 2005, Sèvres.
- Trente années de combat syndical au sein de Renault unissent Arezki, Malek et Kamil. Mai 2005, Paris.
- Djemaa Boulemnadjel, bibliothécaire. Elle milite à Forces ouvrières. Novembre 2005, Paris.
- Lors de la manifestation unitaire du 4 octobre 2005 pour l’emploi et le service public. Octobre 2005, Paris.
- Ghaouti Faraoun, artiste. Juin 2005, Grenoble.
- Avant de monter sur scène, Ghaouti reçoit les encouragements d’Anouch Durand, comédienne. Juin 2005, Grenoble.